mardi 20 septembre 2011

Nice, Paris : "L'apaisement est promis pour bientôt"

Nice, Paris :

Un nouvel article de Nikita et Xenia Krivochéine sur"Pravoslavie i Mir" : paroles de paix du patriarche Bartholomé, de l'AEOF, perspectives de régularisation judiciaire à Nice...

Il n’est pas impossible que les lecteurs de « Pravoslavie i Mir » estiment excessif le nombre de publications consacrées à la lointaine France ainsi qu’à la situation autour de la cathédrale orthodoxe de Nice. Ils se sont probablement mis à penser que la Côte n’est pas qu’un lieu de plaisante villégiature mais aussi et surtout le siège de désagréables dissensions ecclésiales. Mais avant d’en revenir au « chaudron de Nice » (par analogie avec celui de Verdun, que le Ciel nous pardonne !) commençons par évoquer la proche perspective de son extinction et du retour à la paix au sein de l’Eglise.

Paris, cathédrale saint Alexandre de la Neva, liturgie solennelle le jour de la commémoration du 150 anniversaire de « la rue Daru ». La liturgie est concélébrée par de nombreux évêques : Mgr Gabriel de Comane, Mgr Emmanuel, métropolite de France, Mgr Michel, évêque de Genève (EORHF) ainsi que d’autres hiérarques. Les pouvoirs civils étaient représentés par plusieurs hauts fonctionnaires.

Le métropolite Emmanuel a donné lecture du message adressé à cette occasion par le patriarche de Constantinople Bartholomé. Ce message a rendu l’espérance et a pansé les plaies des orthodoxes de tradition russe résidant en France qui vivent douloureusement les dissensions ecclésiales de ces dernières années évoquant, désolés de le dire, les décennies de la guerre froide.

En voici un extrait : ICI
« Dès lors, il n'est de valeur absolue que celle de l'Evangile de la Tradition qui nous vient des Saints Apôtres, de l'enseignement des Pères de l'Eglise et de la célébration de la Divine Eucharistie, réalisée dans le sein même de l'Eglise Ainsi dans un esprit de sollicitude et d'amour, nous sommes convaincus que l’incarnation de ces valeurs dans le monde slave orthodoxe constitue une vocation à laquelle vous devez rester attachés, car elle enrichit l'Eglise Orthodoxe tout entière comme l'approfondissement du lien, de communion si indispensable à l'unité du corps du Christ.
Sur ce fondement, nous avons l'assurance que les particularités de votre Exarchat sont en mesure de constituer des passerelles pour l'approfondissement de nos relations fraternelles avec notre Eglise Sœur du Patriarcat de Moscou. En effet, conscients que les temps ont changé et laissant derrière nous tout esprit polémique, nous devons œuvrer à la cicatrisation des stigmates de l'histoire et renoncer aux représentations belliqueuses».

Entendre ces paroles d’amour et de paix était réconfortant, d’autant plus dans le contexte des récentes prises de position plus que brutales à l’égard de l’Eglise orthodoxe russe émanant de certains milieux proches de l’archevêché.

Le patriarche Bartholomé a cru bon d’appeler à la sérénité la communauté russe orthodoxe plurijuridictionnelle de France, et cela fut perçu comme une grande consolation. Les relations entre « les juridictions » sont, ces dix dernières années, marquées par les pires chamailleries.
Que se passe-t-il entre-temps à Nice ? Procès, huissiers, tracts, panneaux, et offensantes pétitions…. Paroles plus qu’humiliantes à l’égard de la Russie et de l’Eglise orthodoxe russe, mépris à peine dissimulé de la justice française !
On ne peut qu’espérer que le bon sens prendra le dessus et que nous verrons l’équité triompher, cela pour la saint Sylvestre, au plus tard.
Nous en voulons pour garantie la venue récente sur la Côte de l’admirable archiprêtre Nicolas Ozoline, en provenance de Kiji, en Carélie. De nombreux paroissiens de la cathédrale aspirant à la paix se sont d’ores et déjà regroupés autour du père Nicolas.

Notre pronostic de paix a d’autant plus de chances de se réaliser si l’on a à l’esprit la décision récemment adoptée par l’Assemblée des évêques orthodoxes de France. L’AEOF s’est réunie en séance plénière le 15 septembre dernier sous la présidence du métropolite Emmanuel. Mgr Nestor, évêque de Chersonèse, participait aux travaux.

Il avait été récemment établi par la Commission interconciliaire de Chambésy que les décisions des Assemblées des évêques orthodoxes, cela dans tous les pays où elles ont été installées, doivent être prises à l’unanimité. Cette disposition qui est désormais appliquée contribue à éviter que d’éventuelles dissensions sortent au grand jour.

Ainsi, l’Assemblée a dit : ICI

«Concernant la situation de la cathédrale Saint-Nicolas à Nice le communiqué précise: "Sans vouloir rentrer dans les considérations juridiques liées á la situation de la cathédrale de Nice, les évêques orthodoxes de France regrettent profondément les tensions et les déchirements entre les membres de la même famille ecclésiale. Les évêques ont été unanimes sur la nécessité, sans tarder, de pacifier la situation et de trouver á ce différend, une solution ecclésiale qui ouvre de nouveau les chemins de la réconciliation et du rassemblement en Christ. Ils ont décidé par conséquent de se référer à la sagesse des deux patriarches concernés, oecuménique et de Moscou, pour aboutir à une résolution ecclésiale et irénique de ce différend dans les meilleures délais. Ils demandent, entre-temps, á toutes les parties en cause de garder le calme et d'agir en tout, en faveur de la paix ecclésiale ».

Cela dit, ce qui est à César appartient à César : la Fédération de Russie, légitime propriétaire de la cathédrale de Nice et du terrain sur lequel elle se trouve persévère dans son action comme bon lui semble en vue d’obtenir l’application des arrêts du TGI de Nice et de la cour d’appel d’Aix.
Les litiges interjuridictionnels trouveront entre-temps une solution dans l’esprit de fraternité auquel nous exhortent le patriarche Bartholomé et l’AEOF.

samedi 17 septembre 2011

Communiqué de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France

Réunion de rentrée de l'épiscopat orthodoxe de France - Accueil Mgr Ignace, Synaxe d'Istanbul, Concile Pan Orthodoxe, Cathédrale de Nice, crise économique, bioéthique, manuels scolaires, laïcité !

Plusieurs sujets d’actualité ont été hier sur le menu de la réunion périodique de rentrée de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France au siège de l’AEOF, à la cathédrale Saint Stéphane (Bizet, Paris), tels qu’explicités dans le COMMUNIQUE (PDF) relatif à cette réunion.

Paris le 16 septembre 2011--- L’AEOF a tenu sa réunion périodique de rentrée en son siège le jeudi 15 septembre 2011 à 10h30 sous la présidence du métropolite EMMANUEL. Les évêques orthodoxes de France ont eu la joie d'accueillir au sein de l'AEOF, Mgr IGNACE (EL HOCHI) en qualité d’évêque vicaire du métropolite JEAN (YAZIGI) (Archevêché Antiochien Orthodoxe d'Europe).

1. Les évêques saluent les travaux de la SYNAXE des primats des Eglises orthodoxes locales de Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem et de l'Archevêché de Chypre, tenue á Istanbul, au siège du Patriarcat Œcuménique de Constantinople, du 1er au 3 septembre 2011. Les initiatives envisagées et les décisions prises ne peuvent que développer et affermir les liens de coopération et de solidarité entre ces Eglises. Cette SYNAXE a été l'occasion d'un échange direct sur les difficultés que connaît le Moyen Orient actuellement, et d'une mise en perspective des défis relatifs à la présence chrétienne dans cette région.


Le message d’espérance des primats et de solidarité avec les chrétiens de l’Orient, exprimela gravité de la situation au Moyen Orient et interpelle les chefs religieux et politiques de cette région et du monde entier, les appelants « à créer des principes et des engagements en faveur de la coexistence pacifique entre les croyants des différentes traditions religieuses ». Les évêques ont également pris note avec satisfaction, des efforts entrepris en vue de la tenue prochainement, du Saint et Grand Concile, tant attendu, de l'Eglise Orthodoxe.

2.Concernant la situation de la cathédrale Saint-Nicolas à Nice le communiqué précise: "Sans vouloir rentrer dans les considérations juridiques liées á la situation de la cathédrale de Nice, les évêques orthodoxes de France regrettent profondément les tensions et les déchirements entre les membres de la même famille ecclésiale. Les évêques ont été unanimes sur la nécessité, sans tarder, de pacifier la situation et de trouver á ce différend, une solution ecclésiale qui ouvre de nouveau les chemins de la réconciliation et du rassemblement en Christ. Ils ont décidé par conséquent de se référer à la sagesse des deux patriarches concernés, oecuménique et de Moscou, pour aboutir à une résolution ecclésiale et irénique de ce différend dans les meilleures délais. Ils demandent, entre-temps, á toutes les parties en cause de garder le calme et d'agir en tout, en faveur de la paix ecclésiale."

3. Les évêques sont conscients, à l'occasion de cette rentrée, des difficultés qui continuent á planer sur le vécu et l'avenir des français, en raison de la crise économique et financière qui continue à menacer les personnes et les familles dans leurs projets et leurs biens. Ils sont inquiets par ailleurs, par certaines évolutions, notamment en matière bioéthique, qui remettent en cause la dignité de la personne humaine et peuvent constituer, comme cela a été si bien dit, un "recul de civilisation". Ils regrettent et condamnent l'intrusion dans notre système scolaire et ses manuels, sans consultation préalable, de théories qui introduisent de la confusion et remettent en cause certains fondamentaux anthropologiques de notre société humaine, relatifs à la conception de l'être humain, sa dignité, son identité, son altérité et sa vocation non sans lien avec la conception de la famille et de la filiation.

4. Les évêques se réjouissent par ailleurs, des évolutions et des avancées significatives, apportées récemment par le Conseil d'Etat sur certaines questions fondamentales relatives au droit des cultes en France et á l'application de la loi 1905. Ces évolutions contribuent positivement à faire avancer le débat et à pacifier la relation entre le cultuel et le culturel, entre le religieux et le politique dans nos sociétés, et à ouvrir la voie vers le développement d’une laïcité de bonne intelligence bénéfique à tous.

La prochaine réunion de l’AEOF est prévue le mardi 18 octobre 2011.

PDF COMMUNIQUE

aeofcommuniquereunion15septembre2011.pdf AEOFCommuniqueReunion15septembre2011.pdf (1.2 Mo)


Rédigé par L'équipe Rédaction de "Parlons d'Orthodoxie"

vendredi 16 septembre 2011

A Nice, la bataille de la cathédrale divise les orthodoxes

Un article du journal La Croix, en date du 15 septembre 2011:

En mai dernier, la justice française a attribué la propriété de la cathédrale orthodoxe de Nice à la Fédération de Russie.

La cathédrale orthodoxe de Nice a fermé ses portes aux touristes et n’est plus...

Sébastien Nogier/IP3 PRESS/MAXPPP

La cathédrale orthodoxe de Nice a fermé ses portes aux touristes et n’est plus ouverte que pour les offices.

Celle-ci a transféré la gestion de l’édifice au Patriarcat de Moscou, mais l’association cultuelle locale, qui dépend du Patriarcat de Constantinople, s’oppose à cette décision.

Sur place, deux recteurs se font face, tandis que les paroissiens sont divisés.

Bouquet de bulbes colorés sous le ciel méridional, la cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas de Nice inspire un sentiment d’harmonie. Difficile d’imaginer, dans la douceur de cette fin d’été, l’âpreté du conflit qui divise depuis bientôt cinq ans la communauté orthodoxe locale et la Fédération de Russie.

De l’extérieur, rien ne semble avoir vraiment changé. Rien ? Pas tout à fait : depuis peu, la grille est verrouillée, et les touristes doivent se résoudre à passer leur chemin. La cathédrale n’est plus ouverte que pour les offices.

C’est l’une des suites de l’arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence du 19 mai dernier, qui a confirmé que la Fédération de Russie était fondée à reprendre possession de la cathédrale et des terrains alentour. « Nous avons reçu une notification d’huissier nous demandant de suspendre les droits d’entrée (3 €). Ces entrées nous permettaient de payer nos cinq employés. Nous allons devoir les licencier et ne pouvons donc plus assurer l’accueil », tempête le P. Jean Gueit, recteur de la cathédrale.

UN NOUVEAU RECTEUR VENU DE RUSSIE

« Nous sommes révoltés mais nous n’allons pas nous laisser faire », fulmine Hélène Funck-Dloussky, membre du conseil paroissial et farouche opposante à ce qu’elle voit comme une offensive impérialiste de la Russie. « Les Russes ont installé leurs oligarques dans la région, et maintenant ils veulent une église pour faire joli, s’insurge-t-elle. Où est la foi dans tout ça ? »

Quoi qu’il en soit, cette fermeture a été vivement critiquée jeudi 15 septembre par Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France, qui a dénoncé dans Nice Matin une « décision prise unilatéralement » par l’administration paroissiale qui « prend en otages les Niçois et les touristes ».

De toute évidence, le conflit niçois s’est durci cet été. L’annonce, par la fédération russe, du transfert de la gestion de l’édifice au Patriarcat de Moscou a achevé de mettre le feu aux poudres. Un nouveau recteur, le P. Nicolas Ozoline, tout droit venu de Russie, a même été nommé pour remplacer le P. Gueit.

JUSTICE CIVILE CONTRE DROIT DE L’EGLISE

Cette décision désole ce dernier, qui, subtilité de l’orthodoxie en France, relève, lui, du Patriarcat de Constantinople. « La décision de la cour d’appel est une décision civile, elle porte sur le titre de propriété. Nous ne le contestons pas. Ce que nous refusons, c’est le changement d’obédience que veut nous imposer l’État russe », détaille le P. Gueit, qui estime que la tradition chrétienne ne permet pas à un évêque de s’immiscer dans les affaires d’un autre diocèse.

En clair, la justice civile se heurte au droit de l’Église. Et ce paradoxe provoque une situation ubuesque, où deux recteurs se disputent une même paroisse, convaincus chacun de leur légitimité. Le 28 août, Mgr Gabriel de Comane, archevêque des Églises russes en Europe occidentale (qui dépend de Constantinople), a réaffirmé son autorité sur la paroisse.

« Jusqu’à aujourd’hui, a-t-il insisté, l’autel de cette cathédrale est lié à mon ministère épiscopal et aucune décision de justice de la part d’un autre évêque ne saurait changer cet état de fait ecclésial. » Trois jours plus tard, Mgr Nestor de Chersonèse (l’évêque du Patriarcat de Moscou pour la France) a exigé la remise des documents relatifs à la gestion de l’église, ainsi que ses clés. Ce que l’ Association cultuelle orthodoxe russe de Nice (Acor), qui gère le site, refuse.

DEUX CONCEPTIONS DE L’ORTHODOXIE

Dans ce climat pesant, le P. Ozoline tente de se faire reconnaître. À Nice, sa soutane est devenue familière. Ce prêtre de 44 ans, lui-même issu d’une famille russe implantée en France, s’attache à promouvoir un discours rassurant : « Je veux être le recteur de tous, et pas seulement d’une minorité. 2 000 à 3 000 russes vivent aujourd’hui à Nice, et nous devons y être plus attentifs. »

Car derrière ces rivalités, deux conceptions de l’Église s’opposent. D’un côté, l’Église orthodoxe russe, traditionnelle, qui se reconstruit lentement et entend réaffirmer son influence en Europe, notamment auprès de ses ressortissants. De l’autre, des fidèles enracinés en France depuis plus de trois générations, et dont l’identité dépasse désormais la seule culture russe.

« Notre archevêché, qui est le fruit d’une diaspora, est sans doute le seul exemple d’une orthodoxie réellement universelle, non inféodée à un pouvoir politique. Nous voulons préserver ces acquis que les Russes aimeraient voir disparaître », craint Alexis Obolensky, responsable laïc de la paroisse, qui déplore les liens ambigus entre le Patriarcat et l’État russe. Des accusations qui « affligent » le P. Ozoline : « Tout pays qui se relève d’une épreuve a besoin de revenir à ses racines pour se tourner vers l’avenir. C’est le sens des liens entre le gouvernement et l’Église dans notre pays. »

DISCUSSIONS ENTRE PATRIARCHES

Parmi la centaine de paroissiens, une vingtaine fait bloc autour du P. Gueit. Mais quelques-uns estiment que l’heure est venue de retourner vers « l’Église mère » : « Les nouveaux arrivants ne se reconnaissent plus dans les évolutions de la paroisse. Il faut cesser cette guerre. D’autant que l’Acor dispose de deux autres églises en ville », fait valoir un paroissien qui préfère rester discret.

Pierre de Fermor, dont le grand-père, officier de la Garde impériale, est arrivé sur la Côte d’Azur en 1921, partage ce point de vue. Cet Antibois a créé une association (1) pour « soutenir le retour à la Russie » de la cathédrale. « D’anciens Russes comme de nouveaux migrants sont favorables à ce retour, assure-t-il. La page de la guerre froide est tournée, et il est temps que la famille orthodoxe se rassemble. »

Le P. Gueit, lui, dit « attendre les instructions » du patriarche Bartholomeos de Constantinople, dont il dépend. Ce dernier pourrait décider de démêler l’écheveau niçois directement avec son homologue, Kirill de Moscou.

(1) Association des Amis de la cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas de Nice.

FRANÇOIS-XAVIER MAIGRE, à Nice (Alpes-Maritimes) - La Croix

jeudi 15 septembre 2011

Eglise russe: l'ambassadeur Orlov réclame les clés



NICE-MATIN Jeudi 15 septembre 2011


Depuis lundi à 14h30, l'église russe est fermée aux visiteurs (voir Nice-Matin du 13 septembre). Ce nouvel épisode dans le conflit qui oppose l'association cultuelle niçoise (ACOR) gestionnaire des lieux à la Russie, provoque la fureur de cette dernière.

«Cette décision prise unilatéralement par l'actuelle administration paroissiale est illégale. L'association ne peut disposer ainsi d'un bien dont elle n'est pas propriétaire. La décision est également scandaleuse : elle prend en otages les Niçois et les touristes qui sont ainsi privés de ce joyau», a réagi Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France.

Il regrette que l'ACOR et le recteur en place, le père Jean Gueit, rejettent «tout dialogue avec le propriétaire légitime confirmé dans ses droits par un tribunal français». Le diplomate réclame une nouvelle fois que les clés de la cathédrale soient remises à l'Etat russe le plus tôt possible. «Dès que nous serons en possession du trousseau, nous le donnerons au père Nicolas Ozoline, le nouveau recteur nommé par le patriarcat de Moscou. Cet homme n'est pas un «parachuté». Il est né en France et il a la double nationalité franco-russe».

Entamer une procédure?

L'ambassadeur ne désespère pas qu'un accord soit finalement trouvé ce jeudi. Une délégation de l'administration présidentielle russe sera présente à Nice aujourd'hui pour «discuter» avec l'ACOR et convaincre celle-ci «de remettre les clés et les documents».

Et si la négociation échoue une nouvelle fois? «En désespoir de cause, nous nous verrions dans l'obligation d'entamer une procédure en référé pour obtenir l'exécution du jugement en notre faveur. Nous irons jusqu'au bout pour récupérer la cathédrale», affirme-t-il. Tout en soulignant que l'ACOR dispose d'une autre église, celle de la rue Longchamp, le sanctuaire russe le plus ancien de Nice (1860) sur lequel la Russie n'a pas de prétention.

Querelle sur l'état de l'église

Pour justifier la fermeture de la cathédrale aux visites, l'association argue de l'interdiction qui lui est désormais faite par la Russie de faire payer les entrées (3 euros). «Mauvais prétexte» tranche Alexandre Orlov : «S'ils nous donnent les clés, on assumera les frais et on réembauchera sans doute le personnel. Surtout, on entamera au plus vite les travaux de restauration. Ce bâtiment est dégradé. On veut lui rendre toute sa splendeur pour son centenaire le 17 décembre 2012».

Un «mauvais état des lieux» vivement contesté par le père Gueit et Alexis Obolensky, le marguillier de l'église : «Cette accusation est totalement infondée. Il y a 5 ans, nous avons achevé la restauration des coupoles avec l'aide de l'Etat et du Conseil général. Et toute l'étanchéité a été refaite. Ces dernières années, une partie des façades a aussi été purgée et rénovée».

Manifestement, entre les deux parties, l'incompréhension, elle, n'est pas prête d'être purgée.

Si l'église est fermée depuis lundi, elle rouvrira ses portes samedi et dimanche pour les Journées du Patrimoine.

mardi 13 septembre 2011

Nice Matin: "Eglise russe : portes closes pour les visiteurs !"

Coup de théâtre dans l’affaire de l’église russe ! Hier après-midi les visiteurs ont trouvé portes closes. Empêchés de stationner sur le site, les cars de tourisme ont squatté les abords du bvd Tzarevitch. Mirjiana, une jeune femme serbe, se montrait très déçue : « Cette cathédrale est très connue à Belgrade. Je comptais me recueillir à l’intérieur ». Elle devra se contenter d’admirer l’édifice de l’extérieur.

Natalia, elle, vient de Saint-Pétersbourg. Elle tente de déchiffrer les affiches accrochées aux grilles en français et en cyrillique. Sans bien comprendre : « C’est ma Russie qui a fermé ? ».

Pas vraiment. Cette mesure spectaculaire, qui interdit la visite de l’un des monuments les plus célèbres de Nice et de la Côte d’Azur, a été prise par l’association culturelle niçoise (l’ACOR), gestionnaire de ces lieux saints depuis les années 1920. Un nouvel épisode du conflit qui l’oppose à la Fédération de Russie.

La fermeture du grand portail rappelle une autre séquence dramatique. En février 2006. Quant tout a commencé. Le père Jean Gueit, recteur de la cathédrale, ferme alors les lieux au nez et à la barbe de l’huissier mandaté par le tribunal de grande instance, à la demande de la Russie, pour faire l’inventaire des biens. Quelques mois plus tard, l’Etat russe revendique la propriété de l’église, en faisant valoir l’expiration prochaine du bail emphytéotique de 99 ans consenti à l’ACOR. Ce bail est arrivé à son terme en 2008.

S’ensuivent cinq ans de guérilla judiciaire, jusqu’à la décision de la cour d’appel d’Aix accordant en mai dernier la propriété à la Russie. Peu de temps après, celle-ci en confie la gestion au patriarcat de Moscou.

Le clergé en place, également d’obédience orthodoxe mais relevant du patriarcat concurrent de Constantinople, n’entend toutefois pas partir, s’estimant toujours en droit de jouir de la propriété « spirituelle ».

Procédure de licenciement
Pourquoi cette fermeture des portes hier ? « La Russie nous impose de ne plus faire payer les 3 euros que chaque visiteur débourse. C’est une tentative d’asphyxie financière. Mais nous sommes juridiquement contraints d’obtempérer. Sans cet argent, nous ne pouvons plus rémunérer le personnel d’entretien et d’accompagnement. Nous sommes donc dans l’obligation de fermer. La cathédrale reste néanmoins ouverte au culte et les piétons peuvent continuer de fréquenter le parc3, souligne le père Gueit.
La cathédrale est donc close jusqu’à nouvel ordre… Plutôt fâcheux à l’approche des Journées du patrimoine de ce week-end. Surtout, le conflit vient de faire ses premières victimes : les cinq personnes employées sur le site font l’objet d’une procédure de licenciement.

Philippe Fiammetti suer Nice-Matin

13 sep.2011

vendredi 9 septembre 2011

Le patriarcat de Moscou espère que les clés de la cathédrale Saint Nicolas lui seront remises sous peu

Le patriarcat de Moscou exprime l’espoir que la situation autour de la cathédrale Saint Nicolas à Nice sera bientôt régularisée.

Le métropolite de Volokolamsk Hilarion, président du DREE, a, au cours d’une conférence de presse, répondu a plusieurs questions d’Interfax-Religion :« Cette situation doit trouver une réponse dans le cadre des pourparlers entre les deux parties. Il est indispensable de faire preuve au cours de ces négociations d’une certaine souplesse. L’essentiel est que la cathédrale qui a été restituée à son propriétaire légitime, la Fédération de Russie. La tradition orthodoxe doit y être respectée, l’entrée dans la cathédrale doit cesser d’être payante. Espérons que des réponses seront bientôt trouvées ».



Il a été récemment annoncé que la remise des clés de la cathédrale au prêtre envoyé à Nice par le patriarcat de Moscou pour assumer la gestion du lieu traîne en longueur.

La justice française a confirmé que la Russie est le propriétaire légitime de la cathédrale l’ACOR-Nice ayant perdu le procès. La Fédération de Russie a de son coté décidé de transmettre la cathédrale au patriarcat de Moscou.

L’ACOR relève de l’exarchat du patriarcat de Constantinople. Il existe donc en Europe occidentale deux structures ecclésiales parallèles : une partie des paroisses sont dans l’obédience de Constantinople, une autre partie appartient à la juridiction du patriarcat de Moscou, diocèse de Chersonèse.

Mgr Gabriel, Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale , a laissé entendre dans un entretien qui a eu lieu fin août avec Mgr Nestor, évêque de Chersonèse, que la question de la remise des clés de la cathédrale doit trouver une solution dans le cadre de pourparlers directs entre le patriarcat de Moscou et l’ACOR.

Mgr Gabriel s’est donc soustrait à la nécessité pour lui de résoudre la situation autour de la cathédrale Saint Nicolas.

Interfax-religion
Traduction "PO"

lundi 5 septembre 2011

Envoyé du patriarcat de Moscou, le père Nicolas Ozoline dénonce« l'état inquiétant » du bâtiment et annonce de « gros travaux ». Interview...


Les querelles religieuses sont souvent les plus redoutables. Certaines ont duré des siècles. Il faut espérer que le conflit opposant le patriarcat de Moscou à celui de Constantinople autour de la gestion de la cathédrale orthodoxe niçoise dure un peu moins longtemps... Au printemps dernier, la justice a confirmé en appel que la fédération de Russie était propriétaire des lieux. Sans tarder, celle-ci en a transféré l'administration au clergé orthodoxe russe.

Et celui-ci vient de dépêcher l'un de ses représentants, le père Nicolas Ozoline, accompagné du diacre Georges,« afin d'assurer la gestion administrative et cultuelle de l'église Saint-Nicolas ». Sauf que, pour l'heure, le père Jean Gueit, l'actuel recteur dont l'autorité relève du patriarcat de Constantinople, est toujours dans les lieux. Questions à Nicolas Ozoline, l'envoyé de l'évêque Nestor et du patriarche Cyrille de Moscou.

Êtes-vous le nouveau recteur de la cathédrale ?

Je serai officiellement le nouveau recteur une fois que la période de transition sera close. Aujourd'hui, ma mission est d'établir un dialogue avec les responsables de l'association cultuelle niçoise. La volonté clairement manifestée de l'évêque Nestor qui m'a mandaté, est que cette transition s'opère de la façon la plus amicale et la plus fraternelle qui soit.

Où en sont ces pourparlers ?

Je me dois malheureusement de dire qu'ils n'ont toujours pas abouti. Ils sont même au point mort.

En l'absence d'accord, quelle issue envisagez-vous ?

Nous sommes dans un État de droit. La justice française a déclaré sans équivoque la Russie propriétaire de cette cathédrale. Et l'État russe a pris la décision d'en déléguer la gestion au patriarcat de Moscou. Si nous ne trouvons pas un accord à l'amiable, la justice française suivra son cours.

En tant que nouveau recteur, quelle serait votre première décision ?

Ne plus faire payer un droit d'entrée aux visiteurs (1). C'est une demande expresse de notre évêque. L'État russe s'y était d'ailleurs engagé. Ce lieu est la maison du Seigneur, c'est aussi un haut symbole de l'amitié franco-russe. Son accès doit être libre.

Ces entrées constituent une ressource importante pour l'entretien de cet édifice. Comment financerez-vous tous les frais?

L'appel aux dons privés fait partie de notre tradition. Et puis le propriétaire, l'État russe, prendra à sa charge les gros travaux. Une restauration majeure de cet édifice est d'ailleurs envisagée.

Cette cathédrale n'est pourtant pas un monument en péril ?

J'ai été fâcheusement surpris par son état fortement dégradé. Un recteur qui, en Russie, entretiendrait son église de la sorte serait immédiatement démis de ses fonctions. La situation est inquiétante.

En juillet, une épaisse couche de plâtre s'est détachée de la voûte et s'est écrasée au sol; par chance, sans blesser aucun fidèle.Les fresques dans la nef sont prêtes à éclater sous l'effet conjugué de la chaleur et de l'humidité.

Des icônes extérieures sont très endommagées; notamment celle de saint Nicolas, le patron de l'église. Plusieurs des faïences multicolores qui contribuent à la splendeur du lieu, sont aussi abîmées. Tout cela se voit à l'œil nu. Une commission d'experts va être mandatée pour juger de l'ampleur des travaux à entreprendre.

Qui paiera ?

Tout sera pris en charge par la fédération de Russie. Les dons des fidèles y contribueront aussi. Certains paroissiens s'interrogent sur les changements qui pourraient intervenir dans la liturgie durant les offices.

Il n'y aura aucun changement cultuel. Le slavon (ndlr : vieux russe) restera la langue d'usage avec des passages en français si nécessaire. Il faut savoir que les deux églises (le patriarcat de Moscou et celui de Constantinople) ont la même liturgie.

Rien ne changera donc pour les fidèles?

Rien. Mais nous porterons une attention toute particulière à la communauté russe très importante aujourd'hui sur la Côte d'Azur. Une grande partie de ces résidents russes confessent la foi orthodoxe.

Philippe Fiammetti, NICE-MATIN du lundi 5 septembre 2012

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1. En dehors des offices, le droit d'entrée s'élève aujourd'hui à 3 euros.



jeudi 1 septembre 2011

L’évêque Nestor de Chersonèse et l’archevêque Gabriel de Comane se sont entretenus au sujet de l’église russe de Nice

Comme l'annonce le site officiel du diocèse de Chersonèse, une rencontre a eu lieu le 31 août 2011 entre l’évêque Nestor de Chersonèse et l’archevêque Gabriel de Comane. Les deux prélats se sont entretenus au sujet de la situation de l’église orthodoxe russe Saint-Nicolas de Nice.

Mgr Nestor a remis une lettre à Mgr Gabriel, dans laquelle il explique de nouveau la position du diocèse de Chersonèse. Ayant reçu du propriétaire de l'église - la Fédération de Russie - la gestion cultuelle de l'édifice, le diocèse de Chersonèse attend de l’exarchat des églises russes du patriarcat de Constantinople des gestes conséquents, notamment que la documentation concernant la gestion et l'administration de l’église, ainsi que les clefs de l’édifice, soient remises sans délai au représentant du diocèse de Chersonèse à Nice, le père Nicolas Ozoline, que toute activité lucrative et commerciale dans l’église soit immédiatement arrêtée.

Mgr Gabriel s’est reconnu sans compétence pour la résolution de ces questions. Il a insisté sur le fait que les décisions doivent être prises par l’Association cultuelle orthodoxe (ACOR) de Nice, compte-tenu de l’organisation particulière de son exarchat où chaque association est indépendante dans sa gestion.

Pour ce qui concerne les questions d’ordre canonique, la rencontre n’a donné aucun résultat. L’archevêque Gabriel a déclaré qu’il attendait la lettre du patriarcat de Constantinople à ce sujet. Avant d'avoir reçu celle-ci, il ne peut entreprendre aucune action.

Mgr Gabriel a proposé également d’organiser une rencontre élargie entre des représentants du Conseil de son exarchat et du diocèse de Chersonèse.

Le diocèse de Chersonèse regrette que la rencontre des deux évêques, prévue d'abord le 23 août, mais ajournée sans raisons expliquées, n’ait donné aucun résultat, que les pourparlers se voient ajournés encore une fois.

La prochaine rencontre entre les représentants du diocèse de Chersonèse et de l'exarchat est en cours de préparation

Site officiel du diocèse de Chersonèse Patriarcat de Moscou
En russe

Rédigé par l'équipe de rédaction de PO